(Extrait) François des Oiseaux... Le secret d'Assise". Chapitre X. Daniel Meurois

Publié le par La porte est en dedans

L'HUILE D'ONCTION DU SOLEIL

"Oui, Agnès, oui, Chiara, les oiseaux qui m'emportent avec eux chaque matin aux premiers rayons du soleil m'enseignent qu'il n'existe aucune frontière entre le Christ et nous, que nous vivons dans le Corps de Dieu et qu'il n'y a sans doute pas de plus grande errance que de passer sa vie à tout diviser et à fermer des portes. Quant à moi, petites sœurs, mon erreur est d'avoir voulu emmener notre Terre vers le Ciel ou d'attirer le Ciel vers la Terre, je ne sais, alors qu'en vérité tous deux ne font qu'Un.

Si vous saviez comme je me reconnais dans le bourgeon qui éclate au premier jaillissement du printemps, dans l'écureuil qui saute de branche en branche, dans le lépreux qui gratte ses plaies ou encore dans le soudard qui frappe aveuglément de l'épée ! Mon âme parvient à se glisser en eux... Je comprends même le renard qui vient de s'emparer d'un lièvre... Je suis un peu de tout ce qui vit à chaque fois que je parviens vraiment à inviter Notre Seigneur dans ma poitrine... sans poser de conditions. Surtout !

Comment ai-je mis tant de temps à accepter que rien ne s'oppose à rien et que le soleil et la lune se servent mutuellement en emportant notre monde dans leur course ? Comment mettons-nous tous autant de temps, comment pouvons-nous tous déployer autant de ruse ou de bêtise pour continuer à ne rien entendre de ce que la Vie nous apprend à chaque instant ?

Couché dans les sous-bois, j'ai longtemps regardé les fougères dérouler leurs tiges duveteuses en remerciant Dieu pour leur beauté... mais maintenant, maintenant... ce sont les fougères elles-mêmes qu'au fond de moi je remercie pour ce qu'elles laissent transparaître de l'Éternité. En elles comme dans le plus petit duvet de mésange qui parfois vient caresser mon visage, je sens ce que Notre Seigneur le Christ cherche à nous dire, à nous les sourds...

Dans le désert, tandis que je me réveillais à peine, je me souviens m'être dit que Messire Jésus avait été parmi nous comme l'huile d'onction du Soleil. Aujourd'hui, je ne me dis plus cela. Je ne dis plus "avait été" mais "est" l'huile d'onction du Soleil... parce que je ne sens plus jamais le mur du Temps entre Lui et nous. Son Esprit est là, constamment ! Pas juste dans les belles paroles que nous ont laissées Ses disciples. Croyez-moi, c'est quand je touche à cette vérité jusqu'au fond de ma chair que tout se met à arriver... que mes paroles, ma salive et mes mains offrent la guérison. Si je ne capte pas le regard présent de notre Frère le Christ derrière mes paupières fermées, si je ne perçois pas qu'Il fait Un avec moi et aussi avec celui qui souffre... alors rien ne se passe.

Un jour, j'ai entendu une parole résonner au centre de ma tête. Elle disait : « L'Esprit est si vaste qu'il se cherche à travers l'Âme et l'Âme ne sait que faire si elle ne peut s'appuyer sur le Corps. C'est par lui qu'elle retrouve son chemin vers l'Esprit. Pourtant, ce n'est pas l'Esprit qui est la Destination mais le Chemin lui-même... car, en vérité, il ne s'étire pas indéfiniment mais est un Point, un seul Point, au centre du Cœur. »"

 

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